Prolongations à Toulouse

P1170442Nous repartons en résidence à Toulouse en février, accueillies par Mix’art Myrys pour faire trace de notre tournée 2016 et commencer à se projeter dans la suite.
Installées entre deux bureaux vitrés, celui du réseau Art Factories, plateforme internationale de ressources pour les lieux intermédiaires (à savoir les lieux artistiques qui investissent des friches industrielles), et de l’équipe permanente de Mixart Myrys, nous reprenons les sons enregistrés, peaufinons les articles de l’épisode estival et commençons à dresser un bilan de cette aventure.P1170445 P1170447 P1170456P1170453
L’occasion aussi de rencontrer les habitants multiples de cette ruche artistique bouillonnante ! Nous regardons d’un œil extérieur amusé la vie du lieu et ses instances de gouvernance et de débat (qui nous rappelle quelques souvenirs des réunions de notre Feu Laboratoire urbain stéphanois à la grande époque !). Nous sommes invitées à présenter notre projet lors de l’AG hebdomadaire du mardi soir qui sera suivi par la présentation de nombreux projets et événements à venir passés en revu et soumis au vote des adhérents présents. L’écoute est là malgré les allers venus dans cette salle étroite où s’entassent des dizaines de personnes. La fumée des cigarettes se mélange au débat et interpellations des uns et des autres. Lorsque des enfants arrivent la règle s’applique et les cigarettes se taisent. L’AG commence par la proposition d’un professeur des Beaux arts et d’une étudiante qui présente la résidence en cours pour un projet photographique de lieux de vie à Toulouse. La question du droit à l’image et de la photographie suscite beaucoup de questionnements : pour quoi faire ? quels espaces ? quoi en retour ? pour montrer à qui ? Cela nous surprend à l’heure de l’hyper médiatisation de ce type d’espace via le net… En même temps on sent qu’ici on questionne ce qui ne l’est plus ailleurs… Nous aussi, nouveaux adhérents, nous pouvons donner notre voix au même titre que les anciens !

C’est à nous !!!

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Se côtoient ici de nombreux artistes, des gens de passage, d’autres investis depuis plus de 10 ans. Car l’histoire de Myrys c’est tout une aventure qui a commencé il y a plus de 35 ans par le squat d’une usine de chaussure, puis de l’ancienne préfecture en plein centre ville, ici dans cet entrepôt en bordure de périphérique du quartier des minimes, depuis une dizaine d’années…. Le midi nous mangeons au soleil sur la plateforme et papotons découvrant la programmation hyper intense du lieu : un espace de programmation artistique hybride et alternatif qui draine de nombreux toulousains…P1170468
Encore un voyage qui nous permet d’appréhender d’autres manière de faire en commun. Ici, s’invente une pensée riche d’enseignements sur la liberté de s’exprimer et d’agir, et sur la cohabitation et la place de tout un chacun dans la société. Par la fenêtre, on entend quelqu’un pousser la chansonnette : « J’aime pas recevoir des ordres, j’aime pas me lever tôt… » cela nous amuse !

Escale à Marseille

Bonne année 2017 à tous !

Pour repartir avec la Tournée Générale!, nouvelle résidence à Marseille en janvier dans le lieu de la Cie Midi à l’ouest en compagnie d’Émilie Olivier dite Martine Tarot pour une expérimentation sur la voyance de territoires.P1170173
Nous l’avions rencontrée à Chalon, elle souhaite créer un symposium des arts divinatoires et rassembler des artistes qui interviennent in situ en posant au cœur le prendre soin territorial. Nous nous plongeons dans son processus créatif, ses méthodes de travail. Elle nous initie aux tarots de Jodorowski en décryptant les Cartes, arcanes, une a une.

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P1170184Nous essaierons ensuite de créer des liens entre ces symboles et les enjeux de l’aménagement urbain tels que nous les percevons aujourd’hui. Nous échangeons sur le clown, le personnage, la mise en jeu, et nous intéressons à la figure du bouffon sacré, ou du FOL (un arcane des tarots) qui est cet être libre, lucide, critique et détaché qui parcours le pays… Cette figure est inspirante. La figure du colporteur est aussi intéressante, car plus populaire (mais ancienne) que celle de l’acupuncture, qui reste une pratique spécifique pas encore généralisée.

P1170208Son format d’intervention via un entresort forain – qui appartient au monde des arts de la rue – nous intéresse puisque nous recherchons comment le CUBE peut devenir un espace de colportage. Cette rencontre permet de nous poser des questions sur nos modes de création, de transmission, souvent très contextuels et donc jamais similaires. Un temps de recul qui nous permettra d’affiner notre posture, de questionner l’ouverture à d’autres univers artistiques, de poser des valeurs derrière ce prendre soin territorial, d’affiner les modalités de production du projet.

Nous rencontrons aussi Fabienne Aulagnier de Lieux publics et Julie de Muer de l’hôtel du Nord, avec qui nous échangeons sur la forme du projet et nous interrogeons son modèle économique, sa forme, ses contour. Nous échangeons aussi sur la manière de nous présenter. Nous sommes en effet sur des modes d’interventions hybrides qui certes flirtent avec le monde culturel mais brasse aussi les champ de l’urbanisme, de l’architecture…

Nous quittons Marseille pleine d’interrogations.

 

Les assises de l’espace public / Hors champ de la production urbaine

Et voilà nos assises de l’espace public ! Nous avons réussi à convaincre le PUCA et l’EPASE d’organiser à Saint-Étienne les rencontres du Hors champ de la production urbaine. Programme de recherche action auquel nous avons contribué via la conception de notre ouvrage/ récit d’expérience La Cartonnerie, expérimenter l’espace public. Nous pouvons donc inviter tous nos collègues, complices, partenaires, croisés en route lors de la Tournée mais aussi ceux de Saint-Etienne et d’autres territoires pour prendre du recul sur leurs pratiques, découvrir 8 expériences menées en France sur la fabrique citoyenne de l’espace public. Peut être l’occasion de créer à nouveau des liens et connexions ?

Nous sommes chargés d’organiser l’accueil et décidons de proposer aux intervenants et invités spéciaux de se retrouver la veille pour une visite de la ville via nos projets et ceux de différents acteurs de la ville, notamment Rue du Développement Durable et Captain Ludd qui réalisé un travail remarquable de revitalisation du quartier du Crêt de Roch voisin. L’EPASE nous accompagne ce qui permet une visite à deux voix : celle de l’aménageur devenu complice et de notre collectif pluridisciplinaire.

Le lendemain, nous proposons le déroulement de ces assises par l’occupation d’ une hall de la Manufacture dans le quartier créatif qui accueille de manière temporaire des acteurs culturels. Un lieu moins formel que les amphithéâtres habituels.  Le public est varié composé d’acteurs culturels, d’élus, de techniciens, de citoyens engagés, d’étudiants, à l’image de notre format hybride et les échanges et débats qui suivent les présentations le sont tout autant !

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Rencontres d’ici là / Lignes d’horizon

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Suite à notre passage nous sommes invités aux Rencontres d’ici là pour la table ronde « Construire ensemble le grand ensemble« , rencontre-Atelier sur les pratiques participatives en architecture, urbanisme, paysage avec Elisa Dumay (De l’aire), Alexandre Malfait (Atelier Bivouac), Marie-Christine Durand (Lanas), Fanny Herbert (Carton Plein), Edith Hallauer (chercheure en architecture).

Voici le descriptif de l’atelier  « Depuis quelques années, des projets d’urbanisme, d’architecture ou de paysage, voient le jour, utilisant des méthodes inverses aux pratiques habituelles. Le projet ne se conçoit pas strictement sur une planche à dessin, mais sur l’espace même en question, avec les habitants ou futurs usagers, à partir de l’expérience que permet le lieu. Si ces démarches sont plus longues, elles permettent une réappropriation des enjeux par les habitants sur la fabrication de leur habitat, de la place publique, ou de la ville. Longtemps mis à l’écart, les habitants retrouvent la place qui est la leur, au centre. Trois expériences seront abordées au cours de la rencontre : restructuration d’un quartier au Teil, création d’un espace public à Lanas, reconquête de rez de chaussée vacants à Saint-Étienne. »

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Lanas coup de coeur

Aujourd’hui après une belle baignade dans la rivière Ardèche toute proche (découverte obligatoire de la vie touristique locale!) nous avons rendez-vous à Lanas où nous attendent des habitants investis dans les transformations de leur  village. Lanas est un petit village de 396 âmes, idéalement situé en contre haut de la rivière. Avec ses cafés sur la place centrale, le village médiéval a beaucoup de charme. Le village déborde aujourd’hui sur des constructions neuves en périphéries… C’était un village de pâture avec des faïsses qui délimite les parcelles pour les brebis..

DSC_0025La vie du village est riche, particulièrement en été avec l’afflux de touristes, mais c’est la première fois depuis bien longtemps qu’a été mené un chantier commun, créant des liens forts entre les habitants. L’accueil est très chaleureux, le premier chantier participatif commencé en mai se termine juste et l’enthousiasme est tellement palpable que cela nous émeut. C’est Alexandre du collectif Bivouac (si vous suivez bien c’est ceux là même qui sont intervenus au Teil !) qui nous a introduit. Différents élus sont présents dont Madame Le maire, mais aussi d’autres habitants… Ariane, Sophie, et tous les autres font partis du collectif de suivi, en attendant la prochaine résidence et le retour de l’équipe Bivouac… Sylvie arrive avec son sécateur à la main, prête à assurer l’entretien quotidien…

Ils nous racontent à plusieurs voix la mise en place du projet…
L’histoire a commencé quand les élus ont voulu créé des logements à loyers modérés qui sont aujourd’hui construits.
« Il y avait une propriété privée avec une grange abandonnée, envahie par les bambous et non utilisée. Le projet c’était de faire les habitations et, de l’autre, un jardin public ouvert en relation avec la place centrale. On a voulu conserver la végétation ici. »

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Ensuite c’est la rencontre avec une étudiante en architecture, Zoé, originaire de la région (son père architecte à Ruoms) rencontrée dans le cadre de la fête des chorales. Elle cherchait un village pour ancrer son diplôme d’architecture. Lanas s’est portée de suite volontaire ! Puis elle est revenue avec ses collègues Alexandre, Pierre et Clément de Bivouac et c’est ainsi que s’est lancé le projet collaboratif ! Zoé a organisé en 2014 un petit déjeuner sur la place centrale. Une quarantaine de personnes se sont mobilisées et ont indiqué avec des gommettes les points négatifs et positifs. S’en ai suivi une balade dans le village pour aller voir in situ…. Très vite cet espace est devenu le point de cristallisation des envies de changement. L’équipe de Bivouac tout juste constituée en collectif a convenu d’une forme de résidence et a proposé de s’installer dans l’ancienne école vacante pour que cela ne coûte rien. Symboliquement, cela a certainement joué dans leur intégration totale : ils ont été véritablement adoptés par tous les villageois ! Ils ont d’abord et surtout pris le temps d’écouter tous le monde « la greffe a bien pris, bien plus ce qu’on aurait pu imaginer… C’est la confiance qui est au cœur, il faut se faire confiance! « .

De fil en aiguille en chantier de transformation en autoconstruction totale s’esquisse. Seule l’aide de l’employer municipal et des machines lors de la démolition a facilité le travail. C’est ensuite à la main et en nombre que le chantier s’amorce !

« Ils ont réutilisé tous les matériaux sur place, issus de la démolition de la grange et des dépôts ça et là ».

« C’était très ingrat comme chantier ! il y avait un tas de cailloux ! Nous avons commencé par deux ateliers pour délimiter les zones ! et après c’est parti, sans plan et vision d’ensemble !  »

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« Blocs, pierres de taille, petits galet, on a commencé par trier les cailloux par catégories : pierres tronqués, pierres de taille….

« Ils avaient mis des cordes pour délimiter des rectangles. C’était le principe des magasins. C’était très joli. » « Au début c’était un gros dégrossissage… » Ils ont beaucoup fouillé partout, regardé… À coté de notre parking ils ont trouvé ces belles dalles, qui recouvraient la place centrale. Une sacrée trouvaille ! »

« Ils avaient donné des noms des prénoms à chaque pierre (rires) Il y avait des filles et des garçons. Ils avaient déjà tout simulé à l’ordinateur. Incroyable !!! » Pour remplir les petits espaces on choisissait les petites pierres.  On calait les pierre avec des briques…. »

« On a dégagé toute cette allée de bambous. J’ai comme mission de couper toutes les feuilles à hauteur de regard pour ajourer la haie… On a décidé de zones ou le bambou peut repasser et d’autres ou non. » DSC_0012

« Pendant les chantiers les gens nous amenaient des boissons fraiches. »

« Petite commune, petit budget ! »DSC_0017

« On veut faire vivre l’espace, organiser des marchés paysans, il y a encore peu d’ombre mais bientôt nous pourrons l’investir pour différents événements. »

« On veut qu’ici ça devienne un espace vivant ouvert a tout le monde. On y a mis une chaîne à contre cœur  mais deux jours après l’aménagement des voitures se sont garées. Il faut laisser le temps que l’espace s’exprime pleinement. Une suite est envisagée…  »

« Quand ils sont partis à la fin de la deuxième résidence, on a fait un repas sous le préaux de l’école, ça nous a fait mal au cœur, on s’est dit il faut continuer l’aventure avec eux !!! Qu’ils nous proposent autre chose !! »

« Ils appellent et nous laissent des mails régulièrement. Ma femme leur envoie des photos, tous le monde est en copie des mails !! »

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Plus loin un jardin partagé s’esquisse. Un composteur est aussi installé.

« Là c’est la phacélie et la c’est le lin… »

On nous propose une visite du village ! Let’s go ! On est invités dans une caverne d’Alibaba chez un musicien collectionneur incroyable. On retrouve alors une carte postale personnalisée envoyées par la bande de Bivouac. Cela nous touche et nous aimons cette humanité que l’on essaie aussi de développer autour de nos projets. Là, l’échelle du village semble encore plus adaptée et dans ce cas, celui d’une dynamique de groupe ou comme on nous dit « la mayonnaise a pris » cela semble décupler les forces !!!

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Et voilà ! Petite photo de groupe avant de reprendre la  route impressionnés par notre visite et rechargés à bloc !

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Lussas by night

Arrivée de nuit. Se perdre dans les chemins aux abords de Lussas. Rechercher une grande maison. Tomber sur un voisin bienveillant qui nous guide, guide et reguide dans les chemins tortueux. Trouver enfin le bon hameau… C’est la nuit noir. Le ciel est étoilé.

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Le soir est propice aux récits de nos aventures respectives. Guillaume nous a quitté quelques jours pour rejoindre un festival de musique à l’autre extrémité du Massif central. Nous lui racontons notre quête de Monique Cessot à Nolay quand il nous raconte en musique ces quelques jours de vadrouilles à la manière d’un barde. L’équipe de lignes d’horizon qui nous accueille n’est pas là ce soir. Nous devions les suivre pour les concerts aux lavoirs mais sommes arrivés bien trop tard. Il faut appréhender la longueur des trajets en CUBE, freinés par la chaleur et les cotes nombreuses depuis la vallée du Rhône jusqu’aux plateaux d’Ardèche. Nous dormirons bien cette nuit avant de retrouver nos hôtes pour le petit déjeuner.

Au réveil nous croisons la première voisine. Trois colocataires juste installés, tous liés à Lussas et son festival de documentaire très connu. Un village champignon où tout tourne autour du sujet. Un lieu qui abrite 50 employers à l’année, accueille des formations nombreuses, tisse des liens avec tout le territoire via des ateliers, une cinémathèque… Brieuc est l’ancien programmateur du festival estival, ses acolytes y travaillent encore….  Ils nous font aussi découvrir la plateforme TENK à laquelle ils contribuent et qui s’apprête à être lancée. C’est un espace essentiel pour découvrir des films du cinéma du réel très peu diffusés , pas à la télé, peu au cinéma et dans des festivals très confidentiels ! Un genre à découvrir qui ouvre les esprits.

Ils portent aussi un projet associatif particulièrement intéressant. Il s’agit de Lignes d’horizon. Nous les avons déjà rencontré sur les éditions précédentes de leur festival Les Rencontres d’ici là au Château de Craux sur la commune de Genestelle. Un site magnifique et une programmation exigeante entre débats, ateliers, promenades guidées avec géologues, ornithologues…, performances dansées, concerts… Un festival dans et sur la paysage dans un site réinvesti par des agriculteurs militants qui façonnent le paysage et défrichent des paysages qui ont tendance à se fermer et se boiser, par manque d’activité humaine…

C’est l’occasion de voir de plus près ce qu’ils trament et comment ils agissent en dehors de l’événement. Dans leur équipe, les ont rejoints une bande de Rive de Gier. C’est drôle, c’était la bande d’En rue libre qui ont fait vibrer les usines en friche de la vallée du Gier mais n’ont malheureusement jamais rencontré le soutien de la petite ville. C’était pourtant une opportunité incroyable une dizaine de jeunes, tous intéressés par les transformations de leur ville, fils et filles d’ouvriers attachés au devenir de la commune et prêts à tout pour y ramener de la vie. Comment les collectivités peuvent-elles ignorer ce type de dynamique lorsque leur centre-ville s’éteigne et que leur commune souffre tant de manque d’attractivité ? Bref… Les ripagériens (c’est comme ça qu’on appelle les habitants de Rive de Gier) en exil du côté d’Aubenas cherchent là des opportunités d’installation en collectif sur un lieu – comme tant d’autres. Le territoire est en effet très attractif, c’est un tout autre contexte qu’Annonay, la ville du nord du département. Ici, les résidences secondaires sont nombreuses, les jeunes arrivent attirés par le climat, les paysages magnifiques mais aussi par le coté alternatif du territoire. L’Ardèche a en effet été déserté bien plus tôt dès les années 70 et ce sont les communautés baba cool qui ont élus domicile. Aujourd’hui les autochtones ne sont plus nombreux et tant habitués aux nouvelles arrivées que l’accueil est facile et généreux….  Pourtant il est dur d’acheter ou de louer une habitation, encore plus un mat ou un grand bâtiment…. Lignes d’horizon vient d’ailleurs de créer une bourse aux lieux cherchant à convaincre les élus et particuliers de proposer des espaces pour que naissent des dynamiques collectives. Cela raisonne avec notre bourses aux rez de chaussée vacants… Il semble ici toutefois que les projets d’installation relèvent plus du collectif, du commun que du public. Il est difficile de négocier avec les élus qui demandent à ce que les installations permettent de cultiver l’intérêt général…. Lignes d’horizon oscille et réfléchi à la nature de son intervention comme à sa posture. Brieuc qui nous accueil est par ailleurs élu et représentant au Parc des Monts d’Ardèche. Il est très engagé d’un point de vu écologique.

Nous partons à Lanas rencontrer un autre projet et reviendrons ce soir… L’idée est un échange projection d’un film par Brieuc et Lignes d’horizon, un échange sur notre projet. Encore une rencontre nocturne.

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La soirée commence par un grand apéro. Alissone et Corentine s’empresse de coudre un écran pour une diffusion de qualité. On repère vite les accroches aux balcons et les tapis pour permettre une installation qualitative… Le repas qui s’éternise et les discussions sont animées… La fatigue se fait sentir et nous prenons la mesure de la difficulté a enchaîner les rencontres au jour le jour… L’accueil est aussi entre deux, entre amical et officiel… Comment cette tournée peut elle garder un coté humain et agir dans la rencontre et en même temps rester un événement public de qualité ? Comment mieux se préparer se positionner ? Comment trouver des temps de ressourcement ?

Nous enchaînons sur un concert improvisé de Guillaume toujours prêt à chanter quelques chansons… Ses reprises de Madonna et Beyoncé rencontrent un vrai succès ! La soirée se termine tout de même par une visite du CUBE et un récit d’expérience à plusieurs voix bien plus inspirant que lorsqu’il prend place autour du repas. Cette visite égaye les échanges et la soirée, dans la nuit noire et profonde, à la lueur de nos torches et bougies…

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Sur les pas de De l’Aire

Quelques rues escarpées et nous quittons Annonay. Des bouteilles d’eau fraîches offertes généreusement par le patron du café de la place de la Liberté. Le CUBE est au complet et prêt à redescendre. Plus au sud, plus au sud. C’est là qu’on nous attend… Première fois que nous changeons de conducteur, Corentine prend les manettes de l’engin. Chaloupé. Transpiration. Pas facile de dompter la bête !

IMG_0788Premier arrêt au Parc de Lorient du côté de Valence sur les traces d’un projet piloté par l’association De l’Aire dans le cadre d’une commande du Conseil général de la Drôme qui gère ce Parc péri-urbain de 17 hectares. Différentes installations artistiques rythment ce parc, le lit de la rivière nous accueille avec son nid. Là, des familles se baignent.
Ce projet s’inscrit dans une démarche de redynamisation de Parc, pour consolider sa fréquentation et multiplier les prises et les usages. De l’aire a réalisé une première mission en 2012 à travers l’écriture d’un projet de chantier culturel et paysager pour le « Domaine de Lorient ». Depuis un nouvel appel à projet a été lancé. De 2015 à 2017, dans le cadre du projet « Parc pour tous », le collectif d’artistes DÉRIVE investit le Parc départemental de Lorient avec ANIMAMOTRIX et la création de cinq œuvres inspirées de l’habitat animal. Chaque réalisation fait l’objet de rencontres et de chantiers participatifs où sont investis les usagers du parc, des volontaires et des structures locales. L’association De l’aire reste impliquée en tant que coordinateur. Nous remarquons au passage le panneau qui indique la nature de la proposition comme œuvre artistique et non aire de jeu. Une manière judicieuse de détourner les normes hyper-contraignantes en proposant une installation paysagère plus fragile, mobile, évolutive et moins standardisée.

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Deuxième arrêt au Café des sports, non loin du fleuve Rhône. Il fait chaud, pose glaces et rafraîchissements. À peine sortie du CUBE, deux camping-caristes viennent à notre rencontre. Notre engin attire les badauds là où il s’arrête, des visites s’improvisent. Nous racontons son histoire, notre cheminement et échangeons sur les pratiques mobiles. Ici, un couple du voyage navigue dans la France entière avec une maison mobile contemporaine bien équipée : un écran plat se déplie derrière le lit, une douche à jets permet le grand confort ! Le Cube prend des airs de vestige touristique face à ces engins nouvelle génération !

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Nous reprenons la route. Encore le Sud. Direction Le Teil pour continuer notre découverte des chantiers de l’association De l’aire…

Arrivée en cœur de ville de la route nationale étroite qui la traverse en sens unique. Des commerces de part et d’autre, des petits trottoirs. La rue s’élargit en place où nous sentons le bon vivre du sud.  Les terrasses de café affichent complet, une fontaine publique apporte de la fraîcheur, quelques bancs sont occupés. Pourtant le Teil arbore un paysage de ville malmenée par les aléas de l’histoire économique locale… Le Teil est situé en bordure de Montélimar, le long du Rhône et des grands axes routiers de la vallée…

Nous nous garons et prenons la première rue qui remonte vers l’est. Des pots en terre peints en bleu la jalonnent et créent un appel. Nous continuons. Sans nul doute, des traces de l’action d’habitants. C’est au prochain croisement que nous découvrons un espace public atypique… Quelle place ! Qu’en dire qu’en on vient d’ailleurs et qu’on ne connait pas l’histoire de ce lieu ?P1150698

Des galets ça et là délimitent les espaces où des herbes sauvages ou vagabondes ont trouvé refuge. Construite en palier, elle offre un petit promontoire pratique pour les mamans qui discutent tout en pouvant surveiller d’un œil leurs enfants en toute tranquillité. Quelques unes sont là en cet fin d’après midi… Des espaces construits en bois offrent des assises et des tables, aménagement frugal mais suffisant pour s’y installer, se poser et rester. Une petite bande d’enfants devenus pirates cherche un trésor, déplaçant les cailloux, brandissant des branches de certains arbustes secs, courant ça et là de part et d’autre de l’espace, un véritable terrain d’aventures qui permet l’exploration et ouvre les voies vers l’imaginaire. La place se fond dans le paysage  d’immeubles qui l’entoure par ses blancs, ses gris clairs et ses beiges. Espace vivant et hospitalier, une respiration dans un contexte urbain très dense, d’habitat en partie dégradé. P1150701 P1150685

L’esprit de ce lieu aux allures de friche, de lieu en transition, nous rappelle les premières heures de la Cartonnerie… Ce site n’est pas né de rien et nous retrouvons les traces d’un processus collaboratif complexe. C’est tout un travail fin d’accompagnement de cette commune très engagée qui a été réalisé là par l’équipe pluridisciplinaire de De l’Aire. Le maire est en effet venu chercher l’association pour travailler sur les quartiers en secteur Politique de la ville, quartiers paupérisés qui allaient se lancer ans des rénovations profondes.

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De 2014 à 2016, pas à pas : s’immerger dans la mairie avec une résidence dans les services, partager un diagnostic, choisir un territoire d’investigation, comprendre la situation et se projeter ensemble élus, techniciens, habitants, citoyens. L’originalité de ce projet consiste vraiment dans cette entrée en profondeur dans les services techniques municipaux, requestionnant à la manière des résidences pluridisciplinaires de la 27eme région l’organisation même des institutions publiques. Ainsi, un portrait de mairie a permis de réinterroger et de définir la commande d’une mission plus précise tout en impliquant les services concernés et en bouleversant les habitudes de travail. Ensuite, après avoir défini le secteur d’intervention, des portraits d’habitants du quartier Kléber et des groupes de discussions ont permis de définir les besoins et de comprendre les usages, des apéro-chantiers de partager les savoir-faire et étapes de la construction de la ville avec les techniciens du chantier, des ateliers autour du projet urbain à venir aux chantiers participatifs avec les habitants (autour du jardin, du mobilier urbain, de la peinture …)… Les paysagistes de l’atelier Bivouac que nous retrouverons à Lanas ont aussi suivi le fil du projet.  Au fil du temps une place a vu le jour, la place dite Garibaldi.  Cette Place reste provisoire et est susceptible d’être reconstruite en partie, selon les indications des programme ANRU qui demandent des reconstructions à la suite des démolitions. Un vaste débat lorsqu’ici la dédensification semble apporter une potentielle qualité de vie et une attractivité dans un secteur qui semble aujourd’hui reléguer à de l’habitat populaire.

Une équipe de documentaristes, en formation non loin à l’école de documentaire du village de Lussas que nous allons bientôt rejoindre, sont venus suivre les transformations du lieu donnant lieu à un film aussi libre, surprenant qu’explicite que vous nous laissons découvrir.

Recharger les batteries !

Cet article se passe peut être de commentaires…

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Il mérite quand même un éclairage… entre les Monts du Lyonais et l’Ardèche du nord, en route vers Annonay, nous décidons de traverser le Pilat. Nous organisons la journée pour pouvoir partir nous ressourcer et mettre en pratique les consignes de notre acupuncteur stéphanois qui nous a conseillé de nous interroger individuellement sur nos rapports aux espaces naturels (ouverts, encaissés, boisés…). C’est l’occasion ! Un ami de Laurie nous conseille l’arpentage de certains sites mégalithiques particulièrement intéressants d’un point de vu de la géobiologie.

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Parties de bon matin, nous rêvons de café chaud et aspirons à découvrir la magie de lieux féériques. Nous nous arrêtons dans une Auberge à l’aspect chaotique en haut d’une crête. Nous entrons dans une sorte de caves transformés en magasin de producteurs et nous interrogeons sur la présence de pendules et autres graines magiques. Jean-Pierre le gérant nous accueille en nous disant être téléguidé, doublement ressuscité et qu’il consacre sa vie au soin énergétique, notamment pour les enfants malades. Ils nous conduisent illico dans la chapelle qu’il vient de construire, grâce à ses talents de tailleur de pierre. Viendra bientôt ici un montage sonore qui vous fera rencontrer Jean pierre et sa chapelle magique. En tous tac pour Jean Pierre nous ne sommes pas là par hasard et nos routes se recroiserons. Laurie reviendra-t-elle construire un vrai château fort avec petit pont levis pour les enfants malades comme le suggère Jean Pierre ? suspense…

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Nous ressortons partagées et débattons en pique niquant au bord de la chapelle qui vibre grandement. Nous poursuivons la rencontre avec la Pilat par une grande marche entre valons et forêt. Les bruyères, les genêts, les gentianes, les framboisiers et fraisiers sauvages, embaument. Le ciel couvert et les rayons de soleils contrastent et créent une atmosphère étrange…

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Nous trouvons en bord de chemin une série de hêtres magnifiques au milieu de chaos de granites. Nous sommes subjuguées par la beauté du site, si paisible, qui semble là pour nous accueillir.

Rien à rajouter ici………………………………………………………………………………………………………………………

Plus loin nous retrouvons celui que des autochtones croisés en chemins appelle « le seigneur de la forêt » un hêtre exceptionnellement gigantesque.

P1150406P1150425P1150413P1150408 P1150414 P1150417 P1150438C’est beau………………………………………………

Nous ne pouvions rêver mieux pour recharger nos batteries !

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En route vers Annonay ou de nouvelles aventures nous attendent !

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Annonay haut perchés

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À Annonay, Charlotte Pareja, nous attend dans son appartement en plein centre ville où nous prenons la mesure de cette cité perchée sur un Roc. Corentine connait Charlotte depuis des années et s’est investie auprès d’elle dans le cadre de l’association La Belle Trame. Charlotte est une costumière très dynamique qui expérimente la couture comme outil d’activation des espaces publics. Annonay est une ville où le textile a joué un rôle important et Charlotte se demande comment l’héritage industriel autour du tissage pourrait devenir un levier dans le développement social, culturel et économique. Cela nous parle, car la couture – tout comme l’urbanisme, travaille des liens entre des fragments disparates. Il s’agira lors de notre bref passage, d’imaginer comment tisser de nouveaux fils en apportant notre regard extérieur…

Charlotte nous emmène dans un terrain situé à quelques kilomètres du centre ville où notre CUBE prendra place tranquillement à côté de sa caravane… Charlotte est une enfant de la balle, elle a d’ailleurs aménagé il y a quelques années une caravane couture itinérante pour se déplacer sur les festivals et accompagner, comme costumière, des projets de création artistique. Elle s’y connait en véhicule et en itinérance !

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Le lendemain, départ vers le centre à la rencontre de nombreux acteurs impliqués dans les transformations du centre ville. Annonay est une ville d’environ 16000 habitants, située au nord de l’Ardèche. Comme de nombreuses villes – dont Saint-Étienne – elle voit son centre ville ancien se désertifier au profit de la périphérie. Le centre historique est très dégradé et a acquis progressivement une mauvaise réputation… La municipalité recherche activement des solutions pour que le centre ancien retrouve son attractivité ! Nous avons rendez-vous au bistrot où nous attendent une brochette d’acteurs locaux !

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Catherine Souzy travaille pour la ville d’Annonay comme médiatrice de proximité dans le secteur en renouvellement urbain du centre ancien appelé coeur de ville historique. Elle commence par nous exposer le contexte et sa mission. Elle commence par poser des limites géographique car même si elle a conscience que les modes d’interventions pourraient dépasser ce seul secteur, c’est bien dans les cadres d’une politique circonscrite que son travail s’inscrit. C’est la partie médiévale…

Nous partons ensuite explorer ce centre en cherchant avec les acteurs locaux des perspectives. Nous échangeons aussi sur nos expérimentations stéphanoises. Nous nous arrêtons sur la place devant la boutique mutualisée de ce média citoyen Radio d’Ici et Télà.. Une expérience fort intéressante et vraie ressource pour participer aux transformation du quartier, mettre en lien en dialogue et en visibilité les initiatives… !

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Nous partons en balade dans la ville et découvrons rapidement les rues vidées de leurs commerces. Annonay a été une ville industrielle faste qui a grossi comme un champignon au 19ème siècle. Elle a depuis suivi de plein fouet la désindustrialisation (tissages industriels, fabrication et transformation de papier) comme le départ des activités économiques en périphérie.

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P1150532Charlotte nous présente une belle boutique juste reprise – encore liée au textile.

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Nous passons dans les ruelles étroites avec du charme mais qui révèlent aussi les difficultés à vivre dans ce centre ancien resserré avec peu de lumière et des espaces publics sommaires. Nous constatons que de nombreux espaces délaissés pourraient ça et là être réinvestis. Catherine nous évoque certains micro-projets en cours, mais révèle aussi la difficulté à impliquer la population locale. Ils ont cependant mis en place il y a peu une opération de nettoyage collective de rue (dans la ligne droite de nos toilettages de rue testés pendant le B.E.A.U.) engageant les citoyens à prendre en main le nettoyage des façades privées abandonnées. Cette opération montre bien qu’il est possible de déplacer les modes d’interventions des techniciens municipaux, qui, ici, n’ont pas hésité à changer leur mode d’opérer et à aller à la rencontre des habitants directement par l’action engageant alors une implication d’une autre nature. Car, en effet, dans nos projets, souvent l’action sur les biens privés (même délaissés, abandonnés) semble impossible et hors du champ d’action des collectivités concentrées sur les espaces publics et les biens dont elles ont la propriété. Catherine nous épate par sa prise de liberté dans sa posture professionnelle : il s’agit bien là de choisir et définir des actions qui créent des leviers, font sens à un temps précis dans un projet à plus long termes de développement urbain. C’est pour nous très inspirant !P1150515P1150542 P1150517P1150516

Nous faisons une pause à la maison des projets juste aménagée et scénographiée comme un intérieur de maison. C’est assez surprenant et dénote avec le contexte et son esthétique plus désuète et populaire. Catherine confie que peu de gens sont venus aux permanences d’eux mêmes et qu’ils ont conscience que les liens doivent se tisser…P1150533P1150536P1150538

Quelques traces du  bal des forges qui a investi l’espace public et certaines boutiques du quartier. Ce projet est porté par de nombreux acteurs artisans ou associations du quartier dont Charlotte.

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Au passage, on constate les nouveaux aménagements du centre ancien qui redonne un peu de qualité aux espaces publics. D’autres prendront place puisque des démolitions devraient contribuer à valoriser l’habitat et résorber la vacance comme la dégradation du bâti.

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Charlotte nous emmène aussi sur les projets de l’association La moustache et des Dentelles . Cette association installée depuis peu a pour but la création artistique et design, sous forme d’un atelier « ouvert ». Elle propose des expositions permanentes de choses réalisées sur place ainsi que des expositions ponctuelles d’autres artistes. Elle invite aussi les artistes et les habitants à intervenir dans l’espace public et sur les vitrines. « La Moustache et des Dentelles essaye, depuis sa création, de changer les regards sur le centre ancien d’Annonay et de donner envie aux habitants d’agir collectivement pour l’animation de leur quartier. » Nous arpentons les ruelles, vivifiées par ces interventions artistiques.

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Et voilà c’est reparti ! Petite photo d’équipe avant de reprendre la route…

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Monique Cessot, la grande enquête !

P1140855 Notre aventure nous mène étrangement à Nolay, petit village situé à quelques kilomètres de Châlon, escale imprévue qui s’est imposée suite aux récits de Guillaume. En effet, dans son répertoire riche et extravagant, il interprète une chanson enregistrée en 1954 lors d’une collecte de chants traditionnels réalisée par le Musée National des arts et traditions populaires. Sur cet enregistrement on peut notamment entendre la petite Monique Cessot, 10 ans, qui chante avec liberté et entrain « les aiguillettes, enfants sans soucis ». Totalement fan de cette chanson, et donc par extension de cette petite Monique (qui doit avoir aujourd’hui plus de 70 ans) Guillaume, réalisant que nous étions à quelques minutes de Nolay depuis Châlon, (en CUBE évidemment c’est plus long, mais quand même…) émet l’idée de se rendre dans ce bled afin de retrouver sa chanteuse. Etant attendu à Gannat, nous décidons de mener l’enquête à sa place et nous embarquons pour Nolay, petite commune de 1000 âmes (y compris celle de Monique ??). Nous dégotons un petit camping en bordure de village, enclavé entre une zone de pavillons standard et une rivière toute mignonne.

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Notre arrivée en camping-car est remarquée et nous remportons l’adhésion des voisins à l’unanimité malgré le barouffe du moteur. A peine installées nous repartons en CUBE pour le centre bourg afin de commencer l’enquête. Il est plus de 18h, la mairie est fermée, nous n’avons pas d’autres alternatives que de passer par les commerçants du coin. Nous commençons par un magasin brocante sur la place du village, enregistreur en main nous essayons d’expliquer le pourquoi de notre présence ici et puis l’histoire de cette fameuse Monique. La vendeuse ne connaît pas ce nom de famille… De la brocante nous arrivons chez la fleuriste, elle ne sait pas non plus mais nous indique la mémoire vivante du village, la Juju. D’après la fleuriste il n’y a qu’elle qui peut nous renseigner sur les histoires anciennes. Nous nous dirigeons donc vers le bar de France que la Juju a tenu 40 années durant mais cette dernière est en vadrouille, il faudra revenir. Nous partons donc explorer le village, questionnons les passants, les habitants, sans succès. La patronne du café de Paris nous conseille de rencontrer Marie Thérèse, présente dès 8h du matin au comptoir, ce qui repousse l’entrevue à demain… P1140956P1140902 P1140896

Mais pour l’instant il n’est pas question de renoncer… sur le trajet nous menant vers la place centrale, nous remarquons de nombreux commerces vacants, à vendre ou à louer, mais aussi plusieurs brocantes… Il semblerait que Nolay soit spécialisé en revente d’objets anciens… A proximité de l’église nous rencontrons un brocanteur Hollandais plutôt sympathique, il sait qui contacter pour répondre à notre question : son voisin Jean. Au bout du fil ce dernier ne sait pas… Le brocanteur nous conseille la maison de retraite… Nous préférons retourner chez Juju. Devant le bar de France une voiture est garée avec sur son toit un crocodile empaillé, petite anecdote qui rajoute de l’excentrique à notre aventure improbable. La Juju est chez elle, assez touchée par notre enquête elle ne rejette pas en bloc l’existence d’une Monique Cessot… Nous retrouvons un peu d’espoir… Pour l’instant elle n’est sûre de rien, mais souhaite poursuivre l’enquête à son tour en allant à la mairie, elle nous demande de lui rédiger une fiche avec toutes les indications, il faudra repasser demain pour la lui donner, mais en attendant elle nous conseille elle aussi de nous rendre à la maison de retraite pour retrouver Monsieur Giroux dit Lalanne. Selon elle il a toute sa tête et il saura nous renseigner. Après une longue et belle conversation avec Juju nous voici donc en route pour l’EPAD de Nolay. Il est plus e 20h, les infirmières sont étonnées mais pas récalcitrantes, elles montent chercher Lalanne qui est tout heureux de découvrir 4 jeunes femmes au sortir de l’ascenseur absorbée par la découverte de la vitrine « Afrique » réalisée par les résidents. Malgré toute sa bonne volonté il ne saura pas non plus nous renseigner sur l’existence de cette fameuse Monique, alors nous parlons de son surnom, un peu de la guerre, beaucoup de la maison de retraite et de son potager intergénérationnel, il nous dit « les jeunes ils me disaient, mais vous M’sieur Giroux, vous savez tout, moi je leur disais, mais non c’est vous qui savez rien ! »… Comme beaucoup des personnes interrogées il évoquera l’existence d’un autre Nolay dans la Nièvre… Zut Monique où es tu donc cachée ?? Nous décidons de rentrer au camping et de reprendre demain… Nos derniers espoirs se sont envolés avec Lalanne qui est presque aussi déçu que nous d’ailleurs…

P1140983P1140993 Dimanche matin, après un débriefing au camping, nous décidons de retourner voir Juju pour lui donner sa fiche d’enquêtrice. Nous mettons à profit nos derniers instants à Nolay pour jouer notre dernière carte… Le cimetière… En arrivant nous découvrons un voilier stationné le long des containers à verres et à papiers, l’incongrue est à chaque coin de rue à Nolay ! L’immersion dans le cimetière est violente, le lieu chargé.

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Nous lisons les noms des morts à haute voix, égrenant tombe après tombe ces suites de mots étranges. Mais pas de trace de Monique… Après un détour chez le marbrier, (dont on imagine qu’il se souviendra de ce nom qu’il aurait potentiellement pu graver, et qui est déjà au courant de notre enquête puisqu’il est le mari de la fleuriste) retour au village, passage chez Juju, elle a déjà avancé dans son enquête, passé des coups de fil, notamment à toutes les personnes ayant 72 ans, « Sait-on jamais s’ils ont été à l’école ensemble, ou alors s’ils ont communié, ils devraient s’en souvenir »… Elle explique les réponses négatives de ses complices par une supposition intéressante, peut-être que la petite Monique a pu étudier dans une école libre… Mais sa piste la plus sérieuse reste toujours la mairie. Elle compte bien s’y rendre dès lundi ! Avant que nous la quittions elle nous avoue que cette enquête lui tient à cœur par la noblesse de la démarche et qu’elle espère que nous reviendrons ici pour chanter qui sait ?

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Nous avons du mal à décoller de Nolay qui nous apparaît de plus en plus glauque… Ces rez de chaussées et logements vacants additionnés à ces trop nombreux magasins de brocantes nous font un effet étrange, l’impression d’être au cœur d’un engrenage malsain, c’est louche ! Le seul business qui semble fonctionner à Nolay repose sur la revente de biens récupérés dans des logements et commerces vidés par leurs occupants. C’est une forme d’aspiration par l’intérieur de la substance de cette campagne qui se joue là. Nolay se digère elle même, se dévore, elle est sa propre charogne, son propre vautour. Vite il faut partir !!

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